Les activités de ces deux agences de renseignements semblent parfois sorties tout droit d’un mauvais film d’espionnage…

Le service d’espionnage et de contre-espionnage des États-Unis, la CIA (Central Intelligence Agency), est créé en 1947. Il prend la suite de l’Office des services stratégiques (OSS). En Russie, es tsars avaient recours à une police secrète pour s’assurer de la soumission de la populairement communiste. Le KGB (Komitet Gossoudarstvennoi Bezopasnosti, Comité de sécurité d’État) homologue de la CIA en URSS, est créé en 1954. Il sera dissous en 1991, lors de l’effondrement de l’Union soviétique, alors que laCIA est toujours en activité.

Le KGB cumule les fonctions du FBI (police fédérale, sécurité intérieure) et celles de la CIA (espionnage et contre-espionnage).

La comparaison a toutefois ses limites. Le système policier soviétique, très répressif, vise à étouffer les dissidences internes et contribue à diffuser les idées communistes en URSS comme à l’étranger. Les méthodes de la CIA pas plus que ses fondements idéologiques ne sont véritablement comparables avec ceux du KGB: celui-ci était l’un des instruments de la terreur d’État. Il reste que la guerre froide et a lutte des États-Unis contre le communisme ont entrainé des dérives qui ont pu, à certains moments, induire un parallèle entre les deux agences de renseignements.

DU NKVD AU KGB

La police secrète soviétique (la Tcheka) est fondée en décembre 1917, juste après la prise du pouvoir par les bolcheviques. Elle prendra plusieurs noms (dont celui de NKVD) avant de devenir le KGB, peu après la mort de Staline.

Le NKVD, créé en 1934, et qui joue un rôle essentiel dans les purges de 1936-1938, cumule des pouvoirs politiques et judiciaires; il peut ordonner la déportation dans les camps staliniens. Sous la férule de Iagoda, de Lejov, puis de Beria, il conduit les terribles purges au cours desquelles des milliers de citoyens sont emprisonnés, déportés ou exécutés sans procès. Il fait notamment assassiner le rival de Staline, Léon Trotski, dont le crâne est fracassé à coups de piolet à Mexico, en 1940.

Sa loyauté envers Staline permet à Beria de gravir rapidement les échelons de la bureaucratie soviétique. Il est l’un des principaux organisateurs du goulag (l’administration des camps) et il se rend célèbre pour le zèle qu’il met à persécuter les « ennemis de l’État » et à falsifier les documents. En 1946, il devient membre du Politburo (le principal organe de gouvernement de l’URSS); à la mort de Staline, en 1953, il occupe le poste de premier vice- Premier ministre, mais, à la fin de l’année, à son tour victime d’une purge, il est condamné pour haute trahison et exécuté.

Profitant de l’attrait qu’exerce l’idéologie communiste auprès de nombreux intellectuels occidentaux à l’époque, le NKVD puis e KGB recrutent dans la meilleure société, notamment en Angleterre. Ainsi, Donald MacLean et Guy Burgess, deux jeunes et brillants intellectuels sortis de la prestigieuse université de Cambridge, démasqués, s’enfuient à Prague en 1951, avant de se rendre à Moscou, où ils sont rejoints par Kim Philby en 1963. En 1982, Geoffrey Arthur Prime est arrêté après treize ans d’espionnage pour le KGB, auquel il a fourni informations et codes secrets. Plus étonnant encore : le conservateur des collections d’œuvres d’art de la famille royale, Anthony Blunt, se révélera – après sa mort, survenue en 1983 – avoir été un espion soviétique !

LE KGB APRÈS BERIA

Après la mort de Beria, l’agence prend donc le nom de KGB. Elle continue de développer un très vaste réseau d’informateurs et d’agents, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’URSS, et son influence à l’étranger atteint, dans les années 1960-1970, un niveau inégalé. Le KGB est alors la plus grande organisation au monde de services secrets et il finance la plupart des mouvements révolutionnaires. L’arrivée de Gorbatchev au pouvoir, en 1985, change la donne. La politique de perestroika (restructuration) et de glasnost (transparence) bat en brèche le pouvoir du KGB, qui est supprimé en 1991, peu avant la disparition de l’URSS.

LA CENTRAL INTELLIGENCE AGENCY

Selon la loi qui l’a créée, l’agence américaine a pour but de sauvegarder la paix et la tranquillité des États-Unis. Elle a ainsi été l’un des principaux acteurs de la guerre froide. Mais il faut rappeler qu’elle a souvent utilisé des moyens contestables. Même aux Etats-Unis, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer sa collusion avec les intérêts industriels dans l’exploitation des ressources du tiers-monde.

En 1953, l’Agence fomente le renversement du gouvernement de Mossadegh, qui a nationalisé le pétrole iranien en 1951, et elle rétablit le pouvoir du chah. L’année suivante, elle suscite un coup d’Etat contre le Président du Guatemala, qui vient d’annexer les immenses propriétés de la compagnie américaine United Fruit.

En 1961, la ClA arme des opposants au régime de Castro, qui tentent de débarquer dans la baie des Cochons. Le désastre qui s’ensuit contribue à décrédibiliser l’Agence auprès du gouvemement Kennedv, et c’est sans doute en partie pour redorer son blason qu’elle pousse le gouvernement à intervenir massivement au Việt Nam. Sous la présidence d’Eisenhower, elle envoie des agents pour entrainer et armer les Sud-Vietnamiens contre les Nord Vietnamiens communistes. La présence américaine se renforce à partir de 1962, aboutissant à une intervention militaire de grande envergure.

UNE SÉRIE DE SCANDALES

En 1972, la CIA est impliquée dans le cambriolage de l’immeuble du Watergate, où se trouve le quartier général de la campagne démocrate pour l’élection présidentielle. Cette affaire mettra en lumière la corruption du gouvernement Nixon.

La CIA est également à l’origine de bombardements secrets au Cambodge. Elle a, de plus, reçu des fonds de l’entreprise de télécommunications ITT (plus d’un million de dollars) aux fins de renverser le président chilien Salvador Allende, accusé de vouloir nationaliser le téléphone. Elle a aussi testé le LSD sur des cobayes humains dans les années 1950, et on dit qu’elle aurait utilisé des armes biologiques contre Cuba au début des années 1970. En 1984 encore, on apprend qu’elle a délibérément exagéré l’estimation des dépenses militaires de l’Union soviétique depuis 1975. Enfin, en 1986, le scandale de l’Irangate révèle que le directeur de la CIA, William J. Casey, et d’autres membres de l’entourage direct du président Reagan ont participé à la vente d’armes à l’Iran, alors sous embargo, afin de financer les contre-révolutionnaires nicaraguayens, les contras.

Les dernières années sont encore émaillées de scandales. Celui de l’agent Aldrich Ames n’est pas le moindre. Plus récemment, à l’occasion des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center, la CIA et le FBI ont été incriminés pour leurs insuffisances.