En 1939, l’Allemagne Nazie conquiert la Pologne et, en vertu du pacte germano-soviétique, la partage avec l’URSS. L’année suivante, c’est au tour du Danemark et de la Norvège d’être occupés par les troupes hitlériennes; en mai 1940, les Pays-Bas et la Belgique sont envahis et capitulent rapidement; la France résiste moins de six semaines à l’offensive foudroyante des blindés allemands secondés par les bombardements de la Luftwaffe. Après la terrible défaite française de juin 1940, seule la Grande-Bretagne reste debout face une armée nazie qui accumule les victoires et tient l’ensemble du continent européen sous sa férule. L’année 1941 marque cependant un premier tournant : non seulement les pilotes de la Royal Air Force tiennent bon et font échec au projet allemand de débarquement en Angleterre mais, surtout, le conflit se mondialise: envahie en juin sans déclaration de guerre, l’URSS se retrouve malgré elle aux côtés des Alliés. Après l’attaque japonaise surprise de Pearl Harbor, le 7 décembre, les États-Unis se jettent à leur tour dans la bataille. Le théâtre des opérations s’étend désormais aux cinq continents. Cependant, au début de l’année 1942, l’Allemagne nazie s’est rendue maitresse partie de l’Europe. Il faut attendre l’hiver 1943 pour que la Grande Alliance (les puissances anglo-saxonnes et l’Union soviétique) acquière un avantage décisif. Dès novembre 1942, Anglais et Américains contrôlent la Méditerranée occidentale. Mais c’est la résistance acharnée de Stalingrad assiégée contre les forces allemandes qui marque le véritable début des revers hitlériens et le renversement du rapport de forces en faveur des Alliés: le 2 février 1943, prise en tenaille par deux contre-attaques de l’Armée rouge, la VI armée allemande capitule.

En 1944, les victoires alliées s’accumulent avec, en particulier, la réussite de l’opération Overlord (nom de code du débarquement en Normandie) : le 6 juin 1944, à 2 heures du matin, cinq divisions convoyées sur plusieurs milliers de péniches et protégées par 467 bâtiments de guerre débarquent sur cinq plages de la Manche. Attaquées par surprise et dominées dans les airs, les forces allemandes ne par viennent pas à rejeter à la mer Américains, Canadiens et Britanniques, qui établissent trois têtes de pont ravitaillées par deux ports artificiels. Les combats dureront en Europe jusqu’au mois de mai 1945, mais l’issue est d’ores et déjà prévisible. Alors que les effectifs et les moyens mobilisés de part et d’autre étaient comparables, comment expliquer ce spectaculaire renversement de la tendance qui mène les Alliés à la victoire finale ?

UNE CONTRIBUTION DÉCISIVE

Le triomphe sans équivoque de la coalition alliée ne peut pas se comprendre sans l’avantage décisif que lui apporte l’entrée en guerre des États-Unis. Dès mars 1941, par l’application prêt-bail qui décide la livraison de navires de guerre aux Anglais, les Américains rompent avec l’isolationnisme de l’entre-deux-guerres. En s’en- gageant ensuite pleinement dans le conflit, ils mettent dans la balance la puissance de leur économie face à un ennemi qui comptait sur une guerre assez courte. Pourtant, et jusqu’au bout, l’Allemagne conserve un potentiel industriel considérable: elle produit plus d’armes en février 1945 qu’en janvier 1942. En outre, exploitant sans merci les pays conquis ou vassalisés, elle peut compter sur 14 millions de travailleurs étrangers qui, dans leur pays natal ou en Allemagne mēme, sont employés à son service contre leur gré. Mais le camp allié a su mobiliser ses ressources: passé le choc de l’invasion, I’URSS a réussi a recréer son potentiel industriel dans la partie non occupée de son territoire (Oural et Sibérie occidentale). Surtout, grâce à l’entrée en vigueur du Victory Program, qui instaure une planification souple de la production, les Etats-Unis, déjà banquiers de la coalition, deviennent l’arsenal des Alliés. En 1944, ils produisent 97000 avions (contre 38000 en Allemagne), 80 millions de tonnes d’acier (contre 28,5), et 54 millions de personnes contribuent dans les usines à l’effort de guerre.

Le débarquement du 6 juin 1944, décidé dès le printemps 1942 et reporté à plusieurs reprises, illustre parfaitement cette supériorité logistique alliée. Fin 1943, les préparatifs se déroulent dans le plus grand secret. Les moyens mis en œuvre le jour J sont considérables: 130 000 hommes 3 000 bateaux de débarquement, 700 navire de guerre, 7 500 avions, 5000 tonnes de bombes, 3000 canons, 1500 chars, 10500 véhicules. Tandis que les troupes britanniques aéroportées sont lancées dans les régions situées à l’arrière des défenses côtières allemandes, les premières vagues d’assaut d’infanterie succèdent aux bombardements aériens et navals. L’opération Overlord est donc menée tous azimuts et elle mobilise tous les corps d’armée.

LES ERREURS D’HITLER

Les défenses allemandes sont cependant loin d’être négligeables : les plages ont été minées, couvertes de fil barbelé ; tous les accès vers l’intérieur des terres ont été obstrués par des murs, des fossés antichars et des « hérissons » (grandes barres métalliques en forme de X) ainsi que par des champs de mines. À l’intérieur des terres, des mortiers et de l’artillerie défendent l’accès aux plages. Cependant, sitôt débarquées, les troupes d’assaut franchissent ces obstacles, tandis que les tirs de marine et les bombardements aériens pilonnent les blockhaus.

Les déficiences de la stratégie hitlérienne facilitent la percée alliée. Le commandement allemand s’est trompé et sur le lieu et sur la date de l’invasion : Hitler et son état-major ont en effet envisagé un débarquement allié sur les côtes du Pas-de-Calais. Lorsque les Anglo-Américains abordent le littoral normand, ils croient donc une manœuvre de diversion et n’opposent qu’une résistance limitée. Pour repousser taque alliée, il aurait fallu les Allemands engagent toutes leurs forces blindées, mais le Führer avait émis un ordre interdisant l’emploi de forces armées sans son autorisation expresse. Son attentisme et, surtout, le redoublement des forces alliées pendant la bataille de Normandie vont précipiter la déroute allemande.

Dans les semaines qui suivent l’opération Overlord, effectifs et logistique sont renforcés de manière spectaculaire : réservé aux troupes britanniques, le port d’Arromanches permet débarquer jusqu’à 9 000 tonnes de matériel par jour. En moins d’une semaine, 300 000 hommes y prennent pied. Forçant la résistance opiniâtre des Allemands, les troupes alliées opèrent une percée par l’ouest. Après la difficile prise de Caen le 9 juillet, elles s’emparent, à la fin du mandement allemand risque une contre-attaque le 7 août. Celle-ci est libérée le 25 par le général Leclerc avec l’aide de la Résistance,

La guerre est encore loin d’être finie, notamment dans le Pacifique, mais en plus de deux ans à peine, grâce à une mobilisation exceptionnelle, les Alliés prennent l’avantage. L’attentat manqué contre Hitler le 20 juillet 1944 montre que des divisions commencent à lézarder le commandement nazi.